L’EMBALLAGE EST NÉCESSAIRE À LA VIE DU PAYS

Alors que des ouvriers de Smurfit Kappa ont été empêchés de se rendre dans certaines usines du groupe papetier lors du premier jour de confinement, le Premier ministre a reconnu la nécessité absolue de « conserver cette activité économique ». –

« On doit maintenir le minimum d’activité économique nécessaire à la vie du pays. Un exemple qui peut sembler trivial mais qui est important. Lorsqu’une chaîne logistique s’interrompt, lorsqu’une usine qui produit du papier ou du carton ou des emballages s’arrête, on se dit, l’emballage, ce n’est pas stratégique pour le pays. Sauf que, lorsque vous n’avez plus cette usine d’emballages, vous vous retrouvez dans une situation où vous ne pouvez plus préparer la façon dont l’agroalimentaire, les masques, ou les médicaments sont distribués. Et donc, vous vous retrouvez dans une situation matérielle extrêmement dangereuse. Autrement dit, nous devons absolument conserver, même en période de confinement, le minimum d’activité économique nécessaire à la vie du pays et à la préparation du rebond. » Le Premier ministre Édouard Philippe répondait ainsi à une question de la députée Valérie Rabault, présidente du groupe socialiste et apparentés, lors de la séance des questions au gouvernement du jeudi 19 mars 2020.

Compréhension des pouvoirs publics

Cette déclaration fait suite à l’appel lancé par Jean-Christophe Bugeon, le Pdg de Smurfit Kappa France. Celui-ci avait vigoureusement réagi mercredi 18 mars, au deuxième jour du confinement général, des ouvriers ayant été empêchés de se rendre dans certaines usines du cartonnier, bien que munis de l’attestation de leur employeur. Les forces de l’ordre avaient considéré l’activité du fabricant d’emballages comme non indispensable, ce qui ne justifiait pas, pour les ouvriers, d’aller travailler. Jean-Christophe Bugeon rappelait que son entreprise « joue actuellement un rôle crucial en tant que fournisseur leader en France des emballages indispensables au maintien de l’activité » des secteurs stratégiques que sont l’alimentation et les produits de première nécessité, la santé et l’hygiène, ou encore les livraisons à domicile. « C’est toute une chaîne dont notre pays a besoin pour éviter d’être à l’arrêt », soulignait-il. Il joignait à son appel tous ses fournisseurs du papier, de l’amidon, des encres et des équipements de maintenance. Il réclamait donc « la compréhension des pouvoirs publics ». « Le problème a été réglé », a précisé le Premier ministre ce matin.

 

Sécurité de la Nation

Cette déclaration apporte également un élément de réponse à l’ensemble de l’industrie papetière française qui, par la voix de l’Union des industries des cartons, papiers et celluloses (Copacel), a emboîté le pas de son adhérent et demande expressément « à être reconnue comme nécessaire à la sécurité de la Nation ou à la continuité de la vie économique et sociale » dans le cadre de la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19 que le gouvernement veut faire adopter vendredi 20 mars. Pour justifier la démarche, Copacel liste plusieurs exemples d’activités : « Sans papiers et cartons d’emballages, la production de caisses de conditionnement, sacs, cartonnettes, devient impossible et bloque les chaînes logistiques ; sans papiers d’hygiène et pâte de cellulose (mouchoirs, essuie-mains…) viendraient à faire défaut des articles indispensables à la santé publique […] ; sans papiers graphiques et spéciaux, les notices de médicaments, les papiers pour masques chirurgicaux ne pourraient plus être utilisés par les industries aval. »

Défi de solidarité

De son côté, Aluminium France, qui représente la filière des producteurs et transformateurs, invite à un « sursaut industriel » en évoquant à son tour l’importance du matériau pour la pharmacie et l’agroalimentaire, « dont il améliore, par l’emballage, les conditions de conservation et de distribution des produits ». L’organisation professionnelle attire l’attention, en premier lieu des pouvoirs publics, sur les risques qui pèsent sur la continuité des activités en raison du manque de matériel sanitaire et de l’arrêt de la production chez certains grands donneurs d’ordres. « Il faut éviter le burn-out économique et relever le grand défi de solidarité face au Covid-19 tous ensemble. »

 

Extrait EM Arnaud Jadoul

Publié le 19/03/2020à 11h20